Toute l’histoire de l’Allemagne et du Japon
Il y a quelques années, pendant la Seconde Guerre, j’habitais dans un motel, à côté d’une usine d’empaquetage Swift, ce qui est une façon aimable de dire un abattoir.
On y tuait des porcs, heure après heure, jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, jusqu’à ce que le printemps fasse place à l’été et l’été à l’automne, et quand on les égorgeait, on entendait une longue plainte aiguë, semblable à un air d’opéra chanté dans un broyeur d’ordures.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pensé que le fait de tuer tous ces porcs n’était pas étranger au fait de gagner la guerre. Sans doute parce que tout le reste aussi y a concouru.
Pendant les deux premières semaines que nous avons passées dans ce motel, cela m’a vraiment perturbé. Tous ces cris étaient difficiles à supporter. Puis je m’y suis habitué, et c’est devenu un bruit parmi d’autres : le chant d’un oiseau dans l’arbre, ou la sirène de midi, ou bien le bruit de la radio ou des camions sur la route, ou encore des voix humaines, ou l’appel pour manger, etc.
Tu iras jouer après dîner.
Quand les porcs ne criaient pas, on entendait le silence comme si une machine s’était cassée.